Bouygues
On annonçait l'enfer à tous les coureurs pour cette 9e étape du Tour de France. Anthony Charteau a failli en faire son paradis. Il l'aurait atteint s'il avait signé une victoire d'étape qui n'aurait vraiment pas été imméritée. Mais Chartix, cinquième sur la ligne d'arrivée, peut trouver des raisons de se consoler. Il fait partie désormais partie du clan très fermé des coureurs qui ont réussi à passer en tête de la course au sommet du Col de la Madeleine sur le Tour de France. Le coureur de la BBox s'est offert une magnifique récompense à cet exploit en s'adjugeant le maillot à pois, au nez et à la barbe de son ancien équipier Jérôme Pineau. A défaut de gagner une course remportée par un Français, Sandy Casar (FDJeux), le Nantais a vécu aujourd'hui le plus beau moment de sa carrière, au sommet d'un col mythique.
Avec cinq ascensions au programme sur un tracé de 204 kilomètres entre Morzine-Avoriaz et Saint-Jean de Maurienne, Charteau a été bien inspiré de placer la première attaque du jour. Cyril Gautier aussi. Les deux Bbox ont contribué à créer une échappée de onze coureurs qui allait animer la course jusqu'au pied de la Madeleine. Pendant ce temps, Pierre Rolland était en difficulté. "Un jour sans", a confié Jean-René Bernaudeau durant la course, qui tombe particulièrement mal quand il s'agit d'une étape aussi difficile. Malgré la présence de Thomas Voeckler pour l'aider en queue de peloton, le leader de la BBox a perdu beaucoup de temps aujourd'hui.
Une pointe d'amertume
Il a aussi été victime de la bataille entre les favoris dans la Madeleine. A ce jeu-là, et sans surprise, Andy Schleck (saxo) et Alberto Contador (Astana) ont le mieux tiré leur épingle du jeu. Après un gros travail de Navarro pour Contador, les deux hommes se sont retrouvés seuls dans les 15 derniers kilomètres de l'ascension. Une distance suffisante pour distancer tous leurs rivaux, à commencer par Cadel Evans, le grand perdant du jour. Dans la roue de Charteau sur la ligne d'arrivée, Schleck s'est emparé du maillot jaune et devance Contador de 41 secondes. Derrière, Samuel Sanchez est déjà à 2'45". On peut s'attendre à un duel passionnant pour la suite de l'épreuve. Et à d'autres coups d'éclat de Charteau, décidément magnifique sur ce Tour de France.
Pourtant, c'était presque la déception qui prédominait chez le Nantais après cette course. "Je suis quand même un peu déçu de ne pas avoir gagné", a-t-il avoué. J'étais bien placé et ça n'arrive pas tous les jours. Il y avait des coureurs plus rapides avec moi, mais aussi plus fatigués. Compte tenu de l'arrivée, j'aurais dû partir de plus loin. J'ai été un peu perturbé par le retour de Contador et Schleck. Mais le maillot à pois, c'est une super consolation. Si j'arrive à garder un peu de fraicheur jusqu'aux Pyrénées, il y aura peut-être quelque chose à faire", a déclaré Chartix à l'arrivée, au micro d'Eurosport.
JEAN-RENE BERNAUDEAU, la Bbox Bouygues Telecom a pu compter sur un grand Anthony Charteau, cinquième de l'étape après avoir passé le Col de la Madeleine en tête de la course. Et en prime, le maillot à pois...
J-R.B. : Je l'ai vu à l'arrivée. Il voulait faire plus. Anthony était déçu de ne pas avoir remporté cette étape. Il n'a pas de regrets pour le sprint, il regrette de ne pas avoir attaqué à 1500 mètres de l'arrivée quand il y avait une opportunité. Mais son maillot à pois, ce passage en tête à la Madeleine, c'est une récompense, absolument ! C'est le coureur qui se bat le plus, et à un très haut niveau. Aujourd'hui, le niveau était même à son paroxysme.
Cyril Gautier et Yukiya Arashiro ont également donné satisfaction aujourd'hui...
J-R.B. : Il n'a pas manqué grand chose à Cyril pour passer la Madeleine avec le groupe Armstrong. Il a eu un mauvais moment, après c'était beaucoup mieux. Il a d'ailleurs remporté le sprint à l'arrivée. Mais comme c'est quelqu'un d'ambitieux, il était quand même déçu. Quand je l'ai vu, il avait d'ailleurs commencé à bien récupérer. C'est bon signe, surtout pour quelqu'un qui fait son premier Tour. Pour Yukiya, je suis persuadé qu'il va trouver une ouverture. Il est très ambitieux lui aussi, et très dur au mal. Il va jouer la gagne un de ces jours, grâce à sa très belle pointe de vitesse.
Que s'est-il passé avec Pierre Rolland ?
J-R.B. : Pierre Rolland n'était pas bien aujourd'hui. On ne sait pas trop ce qu'il avait pour le moment, il va falloir attendre qu'il voit le médecin et on en saura plus en fin de soirée. Il n'était pas dans son état normal. Thomas Voeckler avait mal au ventre.
Le Tour s'est-il joué aujourd'hui ?
J-R.B. : Tous les favoris s'étaient découverts avant même l'arrivée à Avoriaz. C'était rebelote aujourd'hui. Les masques sont tombés avec l'attaque de Schleck à 25 kilomètres de l'arrivée. Pour la victoire finale, ça va se jouer entre lui et Contador. Depuis aujourd'hui, on a la confirmation que ce sont les deux favoris. Par contre, il y a une conséquence : les équipes qui ne vont plus jouer la victoire au général vont se consacrer aux étapes. Cela va nous faire plus de rivaux. J'aurais préféré qu'on ait quatre ou cinq favoris.
