21 juillet 2010 - Réagir à cet article
Pierrick Fédrigo a fait mouche, hier à Pau, pour donner au cyclisme français son sixième succès dans le Tour 2010, le jour où Lance Armstrong a tenté en vain un baroud d'honneur dans l'étape des cols historiques.
Peyresourde, Aspin, Tourmalet, Aubisque.
Armstrong a franchi dans le groupe de tête les grands cols pyrénéens
escaladés pour la première fois dans le Tour en 1910. L'Américain, dont le
nom est associé à jamais à l'histoire, fût-elle controversée, de la Grande
Boucle au carrefour des années 2000, a bien tenté de gagner cette étape à
l'arrivée à Pau. Mais, à l'approche de ses 39 ans et après sept victoires
dans le Tour, le Texan ne rappelle que de très loin le puncheur qui s'était
imposé pour la première fois, à Verdun, en 1993. Dans la ligne droite
d'arrivée, Armstrong a essayé de disputer le sprint au sein du groupe de
huit coureurs échappés depuis le Tourmalet. Il s'est rassis sur la selle
pour prendre la sixième place. «J'ai encore la motivation pour lutter», a
souligné Armstrong qui a rendu hommage, en français, à Fédrigo: «Chapeau!»
Présent à l'avant dès Peyresourde, l'Américain s'est amusé aussi: «Dans
l'échappée, aujourd'hui, je n'étais pas le plus vieux!» Christophe Moreau,
son aîné de quelques mois, figurait bien dans ce groupe. Pour le classement
par équipes que guigne la formation Caisse d'Épargne dans un match indécis
avec les RadioShack d'Armstrong. Mais aussi pour le maillot à pois de
meilleur grimpeur porté par Anthony Charteau. En passant en tête le
Tourmalet puis l'Aubisque, les deux cols hors catégorie de cette étape, le
vétéran franc-comtois s'est d'ailleurs rapproché de Charteau. Pour ce
maillot, la décision devrait intervenir demain, au sommet du Tourmalet. A
l'instar du maillot jaune, si l'on en croit Andy Schleck, le Luxembourgeois
deuxième du classement général à 8 secondes d'Alberto Contador.
Les leaders sur la défensive
Le profil du parcours, avec le sommet de l'Aubisque situé à plus de 60
kilomètres de Pau, a incité Schleck à garder ses forces pour la suite.
L'ex-Maillot jaune a eu le temps de s'entretenir avec Contador sur
l'incident de la veille, le reproche fait à l'Espagnol (et aux autres)
d'avoir poursuivi sur sa lancée alors que lui-même était bloqué par un
incident mécanique. A l'arrivée, les deux hommes se sont donné l'accolade.
Pourquoi Fédrigo gagne-t-il en montagne?
Vainqueur à Tarbes l'année passée, le coureur de Marmande s'est imposé une
nouvelle fois dans les Pyrénées. Preuve que ce puncheur longtemps cantonné à
la moyenne montagne - il a gagné sur ce terrain à Gap en 2006 - sait
parfaitement s'accommoder des grands cols, bien qu'il ne s'estime pas un pur
grimpeur. A l'exemple des autres coureurs français qui se sont imposés dans
ce Tour (Chavanel et Voeckler, Casar et Riblon dans une moindre mesure),
Fédrigo a fait une croix sur le classement général. Il a privilégié une
victoire d'étape même si l'espace était limité ces dernières années pour les
baroudeurs de son espèce. A Pau, le chasseur de Bbox a fait oublier son
début de Tour plutôt effacé, jusqu'à son échappée samedi dernier sur la
route de Revel avec deux autres redoutables finisseurs (Chavanel, Flecha).
Au lendemain du succès de Thomas Voeckler, il a donné un motif d'espérer
supplémentaire au manager de l'équipe vendéenne, Jean-René Bernaudeau, en
quête d'un nouveau partenaire.