A quatre journées de l'arrivée à Paris, ce Tour complètement fou n'a toujours pas livré son verdict final. Ces dernières années, au sortir des Alpes, on connaissait l'identité du vainqueur. Cette fois, c'est le contre-la-montre de samedi qui décidera du successeur de Lance Armstrong car la 17e étape entre Saint-Jean-de-Maurienne et Morzine a de nouveau bouleversé la donne. Complètement à la rue mercredi à La Toussuire où il avait perdu son maillot jaune, Floyd Landis (Phonak) s'est lancé dans une aventure en solitaire hallucinante. Un pari fou qu'il a remporté.
Relégué à huit minutes au général ce matin, l'Américain a attaqué dès la première ascension, le Col des Saisies. "J'ai senti tout de suite qu'il allait réagir, explique Jean-René Bernaudeau. La Phonak a roulé tôt. C'était le plus fort." Alors qu'onze hommes étaient partis, Landis est revenu sur eux grâce à un numéro exceptionnel. Evidemment, les favoris se sont regroupés autour du maillot jaune, Oscar Pereiro (Caisse d'Epargne). Parmi eux, trois Bouygues Telecom tiennent le rythme et le tiendront jusqu'en bas de l'ascension finale, Joux-Plane.
Fédrigo dans le Top 30
Leur identité? Pierrick Fédrigo, Laurent Lefèvre et Matthieu Sprick. Les trois meilleurs Turquoises dans les Alpes, les mieux classés au général. "Ils ont bien assuré, raconte Jean-René. Je savais que c'était les trois plus frais au départ et je n'avais pas d'autres noms en tête pour bien figurer aujourd'hui. C'est dommage qu'ils aient eu un mauvais placement sur la Côte de Chatillon. Du coup, ça a fait une cassure mais jusque-là, ils avaient bien figuré. Pierrick a bien tenu jusqu'au pied de la dernière montée, il a eu quelques problèmes avec son nez. Il a saigné à trois reprises mais cela ne l'a pas trop handicapé". Le vainqueur de la 14e étape dimanche termine 27e et intègre le Top 30 du général.
A l'avant, Floyd Landis continue de gagner du temps. Le coureur de la Phonak rejoint Patrick Sinkewitz (T-Mobile), parti dans l'échappée, avant de le lâcher. Il grimpe Joux-Plane en solitaire et rallie Morzine avec six minutes d'avance sur Carlos Sastre (CSC) et plus de sept minutes sur le maillot jaune. Alors qu'il était 11e et que le Tour semblait perdu pour lui, Landis remonte sur le podium (3e), à 30 secondes d'Oscar Pereiro qui conserve sa tunique pour douze petites secondes sur son compatriote Sastre. Jamais le Tour n'a été aussi serré depuis très longtemps.
Voeckler frustré
Evidemment, cette accélération de Landis, si tôt dans l'étape, n'a pas épargné les coureurs peu adeptes des sommets. Après deux jours difficiles et sous la chaleur, ce troisième épisode alpestre a de nouveau fait très mal. Le gruppetto s'est formé dès le Col de Saisies avec les cinq Bouygues Telecom qui n'ont pas tenu dans le groupe maillot jaune. Mais cette fois, il n'y a pas eu besoin de repêchage des commissaires pour rentrer dans les délais malgré les 52 minutes de retard à l'arrivée.
Le courageux Thomas Voeckler étaient l'un d'entre eux. "Thomas est toujours malade, explique Jean-René. Il ne peut pas s'exprimer comme il le veut, il ne respire pas plus mal qu'avant mais il est quand même vexé et frustré de tomber malade pour la première fois à ce moment-là de l'année" . Vendredi, c'est la plaine. Un soulagement. "C'est bien de terminer la montagne sans trop de casse, avoue le Manager des Bouygues Telecom. Maintenant, cette étape est l'une de nos dernières chances avec celles des Champs-Elysées". Il ne faudra pas la rater.
  [20/07/2006]

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