De l'émotion pure. Quand Jean-René Bernaudeau retrouve Pierrick Fédrigo à l'arrivée, il est presque en larmes. Il embrasse son coureur. Cette première victoire de l'équipe sur un grand Tour, c'est une consécration, un soulagement. "Vous ne réalisez pas ce que ça représente pour nous, pour le projet vendéen , dit-il à qui veut l'entendre. C'est la première victoire. Ce n'est pas que pour moi, mais aussi pour tout ce qu'il y a derrière, le centre de formation, les partenaires,..." Le manager des Bouygues Telecom ne sait plus où donner de la tête. Il est aux anges.
"C'est la victoire des nerfs"
Quelques minutes auparavant, Jean-René n'en menait pourtant pas large. L'avance de Pierrick Fédrigo sur le peloton se réduisait comme peau de chagrin et la peur de se faire souffler la victoire juste avant l'arrivée ressurgit. "Moi, jusqu'au bout, je n'y ai pas cru, explique-t-il. On ne peut pas croire à des victoires aussi difficiles. C'est seulement quand Thibault Chatelard m'a donné une coupe de champagne à la déviation à l'arrivée, que j'ai compris. J'avais beaucoup d'appréhension tout au long de l'échappée. Beaucoup d'équipes ont roulé. Au moment de la chute, je me suis dit que le destin était contre nous."
Non, cette fois la roue a tourné pour Bouygues Telecom. Pourtant, ce succès ne peut être mis sur le compte de la chance mais plutôt sur celui de l'intelligence. Celle de Pierrick Fédrigo qui a parfaitement su gérer le final. "J'ai demandé à Pierrick de faire la montée de sa vie, pour tout ce que ça représentait, et il l'a fait , raconte Jean-René. Il était avec Commesso qui n'est pas facile à gérer. Mais c'est la victoire de la force et de l'intelligence. Il a parfaitement manoeuvré. C'est très fort car il n'a pas craqué. Il faut vraiment une maitrîse de soi. C'est la victoire des nerfs."
Une confiance retrouvée
Pour le Marmandais, de nature réservé, c'est peut-être un déclic. "C'est un coureur au grand potentiel qui ne croit pas toujours en lui, explique Jean-René. Cela doit lui donner une grande confiance pour l'avenir". Le champion de France 2005 confirme qu'il n'est pas d'un naturel extravagant. "Je suis quelqu'un d'assez réservé, d'assez timide. Ma famille est comme cela. Mais je crois aussi qu'il valait mieux être réservé pour gagner cette étape". Elle a en tout cas levé tous les doutes qui s'installaient. "Ces derniers jours, on ratait les échappées qui réussissaient. On se posait pas mal de questions".
A l'arrivée, elles se sont envolées. Et c'est toute l'équipe qui pouvait se réjouir de la victoire de l'un des siens. "C'est une immense satisfaction, s'extasie Laurent Lefèvre. On l'attendait depuis si longtemps. C'était pratiquement notre dernière chance sur ce Tour". Jean-René Bernaudeau peut enfin tirer un premier bilan. Forcément positif. "Dimanche matin, je n'ai pas voulu répondre à la presse, qui me demandait de dresser un bilan de la deuxième semaine, alors qu'elle n'était pas finie. Maintenant, je peux le faire. Cette semaine a été extraordinaire." Tout est dit.
  [17/07/2006]

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