La difficulté était prévisible. La chaleur aussi. Mais avec des attaques dès le départ, il n'en fallait pas plus pour que cette 16e étape se retrouve être un vrai enfer. Avec quatre cols au programme, et sans aucun répit, le peloton a senti qu'il avait quinze jours de course dans les jambes. Près de 80 coureurs dont cinq Bouygues Telecom (Anthony Geslin, Thomas Voeckler, Jérôme Pineau, Didier Rous et Walter Bénéteau) sont arrivés hors-délais mais ont pu être repêchés grâce au règlement qui prévoit de relever le délai imparti lorsque plus de 20% des partants risquent l'élimination.
"De toute façon ce n'était pas une étape pour les plus forts mais pour les plus frais", avoue Jean-René Bernaudeau à l'arrivée. Et chez les Turquoises, celui qui finit plus frais que jamais, c'est Laurent Lefèvre. Après avoir concédé cinq minutes seulement en haut de l'Alpe d'Huez, le Nordiste a trouvé l'énergie nécessaire pour contre-attaquer et se retrouver parmi une dizaine de poursuivants derrière trois hommes: Rasmussen (Rabobank), Casar (Française des jeux) et Valjavec (Lampre). Le manager de Bouygues Telecom regrettait, mardi, de ne pas l'avoir placé dans l'échappée. Tir rectifié.
"Sprick, c'est prometteur"
Mais ses efforts, le natif de Maubeuge va les payer sur la fin dans la montée inédite vers La Toussuire où il perd beaucoup de temps. A l'arrivée, il concède 26 minutes au vainqueur. "Il avait bien récupéré de l'étape d'hier même s'il était un peu vide sur la fin, explique Jean-René. Avant lui, deux autres Turquoises ont déjà franchi la ligne d'arrivée: Pierrick Fédrigo et Matthieu Sprick. "Ils ont fait une très bonne course" , confie Jean-René.
Les deux hommes entrent dans le Top 30 de l'étape en terminant à 15 minutes. Pour le vainqueur de l'étape de dimanche, Jean-René n'est pas surpris. "Ce n'est pas une confirmation, on savait déjà que c'était un grand coureur. Si Laurent Lefèvre avait pu finir avec eux, ils auraient certainement gagné deux minutes. Pour Matthieu, c'est très bien. Il était mieux aujourd'hui. Il confirme son très bon Tour. Il manque encore un peu de caisse mais c'est prometteur pour l'avenir."
Le plus dur des Alpes
Ce qui est prometteur aussi, c'est ce Tour complètement fou. A 15 km de l'arrivée, tout semblait pourtant décidé. Floyd Landis (Phonak) n'était pas attaqué et ne semblait pas en danger. Alors que devant, Michael Rasmussen (Rabobank) filait vers la victoire et le maillot à pois après avoir franchi tous les sommets en tête, derrière le Tour bascule. Carlos Sastre (CSC) dynamite la course, Landis est à la rue. L'Américain perd dix minutes dans la montée finale et son maillot jaune que récupère Oscar Pereiro (Caisse d'Epargne). Les six premiers au général se tiennent désormais en quatre minutes.
Dans cette optique, la troisième et dernière étape des Alpes jeudi risque de faire office de juge de paix. Le vainqueur sur les Champs-Elysées dimanche sera très probablement connu dans la soirée. Au pire, sur le contre-la-montre de samedi. La 17e étape entre Saint-Jean-de-Maurienne et Morzine risque en tout cas de faire très mal à tout le peloton. "C'est la plus dure des étapes alpines , s'inquiète Jean-René. Le dernier col, Joux-Plane, est le plus dur que j'ai eu à faire dans ma carrière." Ses hommes sont prévenus.
  [19/07/2006]

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