Pierrick Fédrigo : « Je me surprends moi-même »


posté par Marion Gachies le 27/03/2012 à 19h30




Non vous ne rêvez pas. Pierrick Fédrigo est bel et bien de retour. Frappé par la maladie de Lyme l'an dernier, le coureur de la formation FDJ-BigMat a passé une année 2011 dans l'ombre. Mais 2012 semble bien être pour lui l'occasion de faire son come-back et ainsi de prouver à tout le monde qu'il fait encore parti des grands du cyclisme tricolore. L'ancien champion de France qui vient de remporter sa première victoire de la saison sur le Critérium International, s'est confié à Cyclism'Actu. Pétri d'ambitions et assoiffé de victoires, le Marmandais revient sur son année passée et nous dévoile également ses objectifs à venir. Après une belle victoire au sommet de l'Ospédale, il a retrouvé la confiance qui lui faisait défaut et va, à présent, se concentrer pour faire un « truc » sur Liège-Bastogne-Liège... Entre confidence et vérité, Pierrick Fédrigo reprend tout à zéro. Entretien.


Pierrick, après une année blanche, est-ce que victoire en Corse rime avec retour en force ?


Oui pourquoi pas, je l’espère en tout cas. Je trouve que ça colle bien, et ça rime en plus !


On vous avez déjà vu en forme en début de saison, mais il manquait une victoire pour passer à autre chose...


Oui ce n’est pas totalement faux. La condition était là, et petit à petit je sentais que je progressais dans les courses. Alors, oui, c'est vrai, il manquait une victoire. Déjà lors de Paris-Nice j'étais content de m'être échappé un peu et surtout d'avoir bien terminé la course dans de bonnes conditions. Ensuite, j'ai enchaîné avec la Classic Loire Atlantique et Cholet-Pays de Loire. Là, je me suis lâché un peu, et puis le Dimanche où j'ai travaillé pour Arnaud Démare ça m'a permis de progresser encore plus, comme on dit de « taper un peu dedans ». Tout ça m'a permis d'être en condition pour le Critérium International.


« Cette victoire était très importante pour moi »


Finalement l'Ospédale c'est vraiment votre truc, non ?


Oui c'est vrai que c'est un Col que j'apprécie beaucoup. En plus on était allé en stage au mois de Janvier en Corse donc ça avait été l'occasion pour moi de bien le reconnaître et de m'en imprégner. Ma victoire a montré que le travail paye.


Vous aviez l'air très facile, était-ce qu'une impression ?


Oh, vous savez c'est jamais très facile ce Col là ! Je viens de revoir l’ascension à la télé pour analyser un peu la course justement. Tout d'abord, ça montait très, très vite. Ensuite, on a toujours l'impression que je ne force pas, alors que ce n'est pas vrai, je force comme tout le monde. Le fait d'avoir le même coup de pédale quelque soit notre état de fatigue peut être un avantage comme un inconvénient.


Vous évoquiez en début d'année « avoir besoin de renouer avec la victoire », c'est désormais chose faite, un soulagement ? C'est bon pour la confiance ?


Oui forcément, c'est très bon pour la confiance. Ça faisait plus d'une année que je n'avais pas gagnée. C’est long ! La dernière remontait à la victoire d'étape sur le Tour 2010 à Pau. Et puis je n'avais jamais gagné sous mes nouvelles couleurs de FDJ-BigMat, donc j'en avais très envie et c'était très important pour moi. Maintenant que c’est fait, je peux me concentrer sur la suite.


Quelle est la prochaine étape ?


Les prochaines courses seront les Circuits de la Sarthe, Paris-Camembert et le Tour du Finistère. Je les ferai pour me préparer pour mon prochain gros objectif à savoir Liège-Bastogne-Liège. Je pense que je serai en bonne condition le 22 Avril prochain et j’espère pouvoir y faire un « truc ».


« Je suis encore là »


Est-ce que cette victoire, vous a prouvé à vous-même que vous étiez encore capable de gagner sur une grosse étape ?


Oui c'est vrai que ma victoire sur la dernière étape du Critérium International m'a redonné confiance. Même en prenant de l'âge, ça prouve que je suis encore là. Je suis encore capable de faire de belles choses et je veux le prouver.


A-t-on retrouvé le « grand » Pierrick ou manque-t-il encore quelque chose ?


Je ne sais pas si on a retrouvé le « grand » Pierrick, mais je suis quelqu'un qui parfois me surprends moi-même, donc j'espère surprendre encore et me surprendre aussi. Et c'est dans c'est moments là qu'on prend le plus de plaisir. Et ça, c'est très important pour moi.


Avez-vous douté de vos capacités l'an passé ?


Oui, j'ai douté car je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Quand à un moment donné je n'avais plus d'énergie et que je n'avais plus l'envie d'aller m'entraîner car tout simplement mon corps n'arrivait plus à suivre, oui forcément je me suis posé pas mal de questions. Je sentais qu'il y avait un problème, mais bon après il fallait le trouver. Une fois qu'on a su ce que c'était, psychologiquement s'est allé beaucoup mieux. Je savais que ça se soignait, que je pouvais repartir, même si revenir au haut niveau n'allait pas être chose simple. Mais bon, d'autres coureurs sont passés par là avec d'autres problèmes de santé et ils sont arrivés à revenir donc il n'y avait pas de raison pour que ça ne soit pas mon cas.


« Je veux gagner une ou plusieurs étapes sur le Tour »


On vous connaissait surtout puncheur, mais l'Ospédale c'est plus un « truc » de grimpeur ? Quel coureur êtes-vous aujourd'hui ?


L'Ospédale n'est pas forcément un Col de grimpeur. C'est un Col qui se monte un peu en puissance. Au pied du Col on a 14 kilomètres à gravir, mais les 5 premiers sont assez roulants avec un pourcentage de 3 ou 4%. Après c'est une pente assez régulière, donc à part dans le petit village de l'Ospédale où là ça monte pendant 1 kilomètre et demi à 8%, je pense qu'un puncheur peu sortir du lot.


Le Tour forcément sera votre gros rendez-vous de la saison. Quelles seront vos ambitions ?


Mes ambitions sont assez simples. Je veux gagner une étape, voire plusieurs car si j'en ai l’opportunité je ne vais pas m'en priver. Mais je veux surtout renouer avec la victoire et me rattraper du Tour que je n'ai pas fais en 2011. Après concernant le général, ce n'est pas mon objectif majeur. Mais si un jour je prends une échappée qui prend des minutes, c'est toujours possible. Prenons l'exemple de Thomas Voeckler l'an dernier, c'est faisable. Il faut avoir de la réussite, être dans un grand jour. Il faut avoir un bon mélange de toutes les données positives.


Vous êtes pourtant l'un des vétérans de la FDJ... Est-ce que vous partagez votre expérience avec les petits nouveaux ?


J'essaie forcément d'apprendre le métier aux jeunes en leur disant les choses qu'il faut faire et celles qu'il ne faut pas faire. Bon, après je n'ai pas beaucoup couru avec Arnaud Démare par exemple, mis à part dans les stages et à Cholet, mais le courant est très bien passé entre nous deux. On se chambre un petit peu par rapport aux jeunes et aux vieux. En tout cas l'ambiance est vraiment très sympa, il y a beaucoup de complicité et c'est important pour progresser.


« On a notre place au plus haut niveau »


Justement, la FDJ-BigMat marche très fort depuis le début de saison, quel est votre secret ?


Je pense que ça fonctionne car tout le monde a envie que ça aille de l'avant. Tout le monde a envie de gagner et tout le monde a des responsabilités au sein de l'équipe. Et puis maintenant on est en World Tour, donc on a envie de prouver qu'on a notre place au plus haut niveau. Mais c'est bien que plusieurs coureurs soient devant et que ça ne soient pas toujours les mêmes. C'est très positif pour une équipe, ça permet d'être plus régulier dans une saison.


2012 c'est aussi une année Olympique... Vous êtes sur la liste des présélectionnés. Pensez-vous pouvoir aller à Londres en Août ?


Je ne sais pas, mais je l'espère en tout cas ! Les Jeux Olympiques ça ne se refusent pas et ça se préparent aussi. C'est une semaine après le Tour de France, donc il faudra être concentré jusqu'au bout.


Pour finir, certains comparent Julien Simon à vous. Qu'en pensez-vous ?


C'est marrant vous me demandiez ça car j'y réfléchissais justement! Je pense qu'on a un peu le même gabarit et la même façon de courir. Je pense que c'est un jeune coureur qui apprend et qui apprend très vite, la preuve en est, sur le Tour de Catalogne il a quand même gagné deux étapes. Il est en confiance et c'est très bien. Et puis c'est un garçon assez réservé, assez timide, un peu comme moi aussi. Je pense qu'il a les capacités pour être un grand coureur.


Propos recueillis par Marion GACHIES (avec Alexandre ROLIN)


Photos: ASO / Sirotti



En lire d'avantage sur Cyclism'Actu : http://www.cyclismactu.net/news-interview-pierrick-fedrigo-laquo-je-me-surprends-moi-meme-raquo-23284.html#ixzz1qO9yjlpn