On a retrouvé Fédrigo

Le Marmandais de la FDJ a renoué avec le succès hier à l'Ospédale où il avait déjà triomphé en 2010. Il termine deuxième du général, à 8 secondes d'un Cadel Evans déjà affûté.

Pierrick Fédrigo peut exulter : il signe sa première victoire sous les couleurs de la FDJ.

Pierrick Fédrigo peut exulter : il signe sa première victoire sous les couleurs de la FDJ. (photo afp)

Cette gorgée de bière avait un goût tout particulier hier soir dans l'aéroport de Figari. Le goût de la victoire, de la confiance retrouvée et du soulagement pour Pierrick Fédrigo, heureux, en attendant son vol retour vers le continent. Dans ses bagages, le Marmandais avait un gros poids en mois.

Car après 20 mois sans victoire (depuis son succès à Pau, dans la 16e étape du Tour de France 2010), Pierrick Fédrigo (33 ans) a repris hier le fil d'une carrière endommagée par une saison 2011 galère. On a tout dit sur sa maladie de Lyme qui l'a notamment privé du Tour de France 2011, alors qu'il était « au fond du trou », au soir des championnats de France à Boulogne-sur-Mer. L'ancien champion de France l'avait répété à plusieurs reprises ces dernières semaines : il avait retrouvé un moral et des jambes de vainqueur en ce début de saison. La façon dont il avait aidé (avec Mickaël Delage) Arnaud Démare à gagner dimanche dernier sur Cholet - Pays de Loire en attestait. Ne restait plus qu'à le matérialiser par une victoire en son nom.

Et quel plus bel endroit que le col de l'Ospédale pour y parvenir ? Quel plus bel adversaire que Cadel Evans pour lui donner la réplique ? Fédrigo aime cette ascension. C'est ici, en 2010, qu'il avait surpris tous les favoris du Critérium International en s'offrant l'étape et le classement général. Hier, il a changé de méthode pour parvenir à ses fins. « En 2010, personne ne m'attendait à ce niveau, j'avais pu jouer à visage découvert. Cette fois, j'ai essayé de rester le plus discret possible, en attendant le dernier moment pour me dévoiler. » Effectivement, le coureur de la FDJ a fait preuve d'un sang-froid dont il a le secret, laissant plusieurs fois s'épuiser quelques adversaires qu'on pensait partis vers la victoire. Mais à chaque fois, il est revenu, calmement, le plus souvent dans la roue de Rinaldo Nocentini (Ag2r), puis seul, une dernière fois, pour rejoindre Cadel Evans, Nordhaug et donc Nocentini, et les régler facilement au sprint.

Madiot : « c'est mérité »

« En fait, j'ai compris à 1,5 km de la ligne que ça allait le faire. J'avais bien passé les pourcentages les plus sévères et je savais qu'il m'en restait un peu sous la pédale ».

Au final, le triple vainqueur d'étape sur le Tour de France s'offre donc un succès de classe et vient « mourir » à 8 secondes (grâce à ses 10 secondes de bonification) de Cadel Evans au classement général final. L'Australien, en forme déjà très avancée pour la saison, n'a pas tremblé dans l'ascension finale, contrôlant tous ses rivaux. Fédrigo regrette-t-il de ne pas avoir attaqué plus tôt pour aller chercher la victoire au général ? « Le seul regret que je peux avoir, c'est sur mon contre-la-montre de samedi où j'ai perdu 18 secondes. Avec un tel débours, ça s'annonçait compliqué. Et quand j'ai vu le déroulement de la course, j'ai vite choisi de me concentrer sur la victoire d'étape. En attaquant à 5 km de l'arrivée, je me serais sans doute brûlé les ailes et j'aurais tout perdu. Au final, je suis pleinement satisfait de cette victoire, ma première pour la FDJ. C'est un vrai soulagement. »

Depuis la Belgique, où il suivait l'équipe sur Gand-Wevelgem, Marc Madiot, le manager de la FDJ n'a pas perdu une miette de la performance d'un coureur qu'il a recruté en début de saison dernière. « On a retrouvé le vrai Pierrick. Solide, malin. Je suis très heureux pour lui, il méritait vraiment d'en gagner une. On me reproche parfois d'être trop patient avec certains de mes coureurs, mais quand un gars comme lui fait le boulot, je n'ai pas à me mettre en colère. Je savais qu'il allait revenir. Dans une carrière, tout le monde peut avoir des passages à vide. Pendant qu'il n'y arrivait pas, d'autres coureurs ont gagné des courses chez nous. C'est la vie d'une équipe. Et même quand il ne gagnait pas, il y a toujours contribué. Maintenant, il va en gagner d'autres… »