Tour de France : Etape 6

Une chute terrible a marqué le final de la sixième étape du Tour de France, disputée vendredi entre Epernay et Metz. Aucun coureur de la FDJ n’a heureusement été blessé mais tous, hormis Jérémy Roy, ont perdu du temps et notamment Thibaut Pinot qui a lâché deux minutes. Un constat que Marc Madiot a beaucoup relativisé en se posant des questions sur l’avenir du cyclisme.

Marc, que t’inspire cette chute ?

Je pense que pour nous ç’aurait pu être bien pire et que nous pourrions avoir des coureurs à l’hôpital. C’est le premier constat.

Et le deuxième ?

Que je suis complètement d’accord avec Thomas Voeckler qui accuse l’oreillette d’être à l’origine de ce qui aurait pu être un carnage. Je me demande quand nous allons réagir. Faut-il qu’il y ait un mort ? Dans cette histoire, nous sommes tous fautifs. Tous. Par exemple, moi, comme tous les managers d’équipes, je suis à l’avant de la course et je fais du radio-guidage. Et je fais parce que je ne peux pas être le seul à ne pas le faire. A partir de là, il y a 200 coureurs et 22 directeurs sportifs qui ne cessent de les informer et qui leur demandent de faire la même chose en même temps. Evidemment ce n’est pas possible.

Cela semble difficile de faire marche arrière ?

En attendant, on interdit aux automobilistes de téléphoner en conduisant pour que cela ne nuise pas à leur concentration mais on laisse des coureurs être sans cesse perturbés et ne pouvoir se concentrer. Dans le Tour, il y a des équipes qui interdisent à des coureurs d’attaquer, de s’échapper. Leur boulot est de replacer sans cesse leur leader à la demande de leur directeur sportif. C’est désolant…

Que faut-il faire ?

Il faut se poser la question ‘’que voulons nous faire de notre cyclisme ?’’ Depuis Liège, ce n’est pas du cyclisme, c’est rollerball ! Et nous sommes tous fautifs, je le répète. Est-ce que ce soir il serait judicieux que certains d’entre nous se disent que dans cette étape ils ont fait une bonne opération ? Est-ce qu’il n’y a que ça qui compte ? A part les chutes, quelle course on a ?

Thibaut Pinot a perdu deux minutes, c’est ennuyeux ?

S’il marche, ce n’est rien. S’il ne marche pas, ce ne pourra donc pas être un regret.

Comment les coureurs ont-ils réagi à cette chute ?

Quand je les ai retrouvés dans le bus, j’ai trouvé des mecs choqués, psychologiquement choqués. Je ne les ai jamais vus comme ça. Ils avaient une peur rétroactive et je crois qu’ils se posaient des questions sur leur métier ! »