Tour de France : Etape 8

"Non, j’ai fait ma tête de mule, j’ai même désobéi puisque Marc Madiot m’avait demandé, avant le départ, de rester au chaud, dans le peloton au contact des meilleurs et avait désigné quatre coureurs de l’équipe pour aller dans les échappées..."

Tour de France : Etape 8

Thibaut Pinot, était-ce délibéré de te retrouver dans une échappée ?

Non, j’ai fait ma tête de mule, j’ai même désobéi puisque Marc Madiot m’avait demandé, avant le départ, de rester au chaud, dans le peloton au contact des meilleurs et avait désigné quatre coureurs de l’équipe pour aller dans les échappées. Je crois qu’ils ont tous tenté d’y aller mais ça roulait très très vite et le Team Sky ne laissait pas faire. Moi, je me sentais super bien et je me suis dit que c’était quand même mieux d’en profiter.

Une fois présent dans le groupe de tête, il fallait rester concentré tant il y eut d’attaques ?

Et cette victoire revient en premier lieu à Jérémy Roy qui est revenu seul du peloton puis a fait un bon moment seul en tête avant de laisser partir Kessiakof et se sacrifier pour moi. Il a fait un travail incroyable. Au pied de l’avant-dernier col, nous avions 1’45’’ de retard sur le Suédois. Il fallait y aller dès le pied de la côte de la Caquerelle. J’ai lâché tout le monde mais j’ai attendu Tony Gallopin avec qui j’ai roulé jusqu’au pied du Col de la Croix. Kessiakof avait 45 secondes de retard. Je l’ai repris à un kilomètre du sommet. Je ne sentais plus mes jambes, j’avais des frissons tant il y avait de monde.

Les dix derniers kilomètres ont dû te paraître interminables ?

Une fois passé le col de la Croix dont je ne connaissais pas la descente, je n’avais pas une grande avance sur Kessiakof et j’étais un peu dans le rouge. Je n’ai pas pris de risques. Je prenais sur temps sur le Suédois petit à petit mais quand j’ai su que les costauds était à une minute seulement à 7 ou 8 kilomètres de l’arrivée, j’ai eu peur. Je voyais la voiture de l’équipe derrière moi, Marc m’encourageait fort, j’ai compris que c’était gagné. J’ai profité du dernier kilomètre. J’aurais préféré gagner chez moi, 24 heures plus tôt mais c’est beau…

Tes équipiers sont venus te féliciter, un par un ?

C’est la victoire de toute la FDJ-BigMat. Et je le répète, sans Jérémy Roy, je n’aurais pas gagné. Nous sommes des copains qui courons pour un maillot et j’espère que ma victoire va en appeler d’autres d’ici Paris.

Tu ne devais pas disputer ce Tour de France, votre patron Marc Madiot a mis beaucoup de temps à accepter. Comment l’as-tu convaincu ?

A la pédale ! Dans le Tour de Suisse, j’étais avec les meilleurs au sommet des cols et si je n’avais eu un coup de chaud dans l’avant-dernière étape, j’aurais fait un top 10. Je sais que j’ai progressé dans le placement, dans les descentes. J’étais sûr de mon coup. Mais je n’imaginais pas gagner une étape dans mon premier Tour !

Quel rôle jour ton équipe dans tes progrès ?

Je reprends confiance parce que toute mon équipe m’aide, parce que j’ai déjà un statut de mec protégé. Pendant la première semaine du Tour, j’ai touché du bois plusieurs fois, je suis passé tout près de la chute à plusieurs reprises. J’ai perdu 2 minutes vendredi à cause de la grosse chute mais deux minutes seulement en une semaine. C’était une bonne première partie de Tour. Je fais des progrès, j’apprends encore. Et cette victoire me donne beaucoup d’énergie…

Tu n’as pas pris le temps de fêter avec ta famille qui est si proche de toi ce soir ?

Non, pas le temps, il faut penser à la récupération mais je savais qu’ils m’attendaient à l’hôtel…