Publié le 06/08/2012 à 06h00 | Mise à jour : 06/08/2012 à 09h53    

Pierrick Fedrigo : "la motivation est là"

[ENTRETIEN] Trois semaines après son succès à Pau sur le Tour de France, le Marmandais aborde la seconde partie de saison avec une vraie soif de victoires

16 juillet dernier : quatrième victoire de Pierrick Fedrigo sur le Tour de France, la seconde à Pau après 2010.

16 juillet dernier : quatrième victoire de Pierrick Fedrigo sur le Tour de France, la seconde à Pau après 2010. (ph. david le déodic)

« Sud Ouest ». Avez-vous ressenti vendredi au Critérium de Castillon-la-Bataille que votre cote de popularité est encore plus forte ?

Pierrick Fedrigo. Forcément, c'est toujours plus facile d'avoir des gens qui vous reconnaissent lorsque vous gagnez. Chaque année, il y a plus de supporteurs, c'est quelque chose que j'apprécie. Il y avait du monde, une bonne ambiance et une belle course. On a essayé de proposer un bon spectacle (ndlr : cette 39e édition a été remportée par Christopher Froome, 2e du Tour et 3e du contre-la-montre aux JO, Pierrick a terminé 5e après avoir gagné en 2009). Et ce Critérium me permet de courir à côté de mon fan club et de ma famille car il n'y a pas beaucoup de courses dans le Sud-Ouest durant la saison.

Comment gérez-vous cette période d'après-Tour de France ? Y a-t-il une certaine décompression ?

Je n'avais pas de course jusqu'à mardi et le Tour de l'Ain. ça m'a laissé une dizaine de jours à la maison pour décompresser et bien récupérer. Après le Tour, la seconde partie de saison est parfois plus dure. Il faut savoir faire de grosses séances, car la forme est là et il faut l'entretenir. J'ai des courses jusqu'à octobre et la motivation est là pour des épreuves qui me conviennent, où j'ai envie de faire des résultats, comme la Clasica San Sebastian, le Grand Prix de Plouay ou deux courses au Canada en septembre.

Avec du recul, quel goût vous lais-se votre quatrième succès sur le Tour de France, le second à Pau ?

Les victoires sont toutes belles sur le Tour. Les quatre sont différentes même si j'ai gagné deux fois à Pau (ndlr : en 2010 et 2012). J'ai souvent gagné lors d'une arrivée à deux, sauf la première fois à Pau où on était une dizaine. C'est peut-être la victoire la plus difficile. C'est vrai que j'avais coché cette étape. C'est toujours plaisant de répondre présent quand on est attendu. Cela fait du bien au moral. ça se fait au mental et j'étais peut-être plus fort parce que j'étais réglé sur cette arrivée et que c'est près de chez moi.

Les Français ont globalement été à leur avantage sur ce Tour. Est-ce aussi une satisfaction pour vous ?

C'est vrai qu'on a vu une nette amélioration par rapport aux résultats des coureurs français avec quatre victoires d'étapes, le maillot à pois de Voekler et deux éléments qui ont lutté pour le classement général (ndlr : Thibaut Pinot 10e et Pierre Rolland 8e). Il y a eu des confirmations et des jeunes qui se sont révélés. C'est bien pour le cyclisme français. Cela faisait quand même très longtemps qu'on n'avait plus eu grand monde capable de se glisser parmi les dix premiers du classement général du Tour de France.

Malgré ces bons résultats, on n'a pas vu les Français aux JO. Cela vous laisse-t-il des regrets ?

Ils n'étaient que trois au départ de la course sur route, c'était dur. Ils n'y sont pas allés pour faire de la figuration, ils étaient motivés et avaient envie de faire un résultat. Sylvain Chavanel était capable de faire quelque chose de bien. Mais sur une course d'un jour, il ne faut pas avoir de coup de moins bien. Il faut être là le jour J. La victoire de Vinokourov confirme qu'il est un grand coureur et me laisse un peu de regrets car j'ai fait les dernières échappées avec lui sur le Tour. J'avais peut-être le niveau pour faire cette course même si on ne sais jamais comment ça va se passer. Quand j'ai su que je n'étais pas sélectionné, je n'avais qu'une hâte après le Tour : me reposer !

Avec cette victoire sur le Tour, l'année noire 2011 avec votre maladie de Lyme n'est-elle plus qu'un mauvais souvenir désormais ?

On a toujours tendance à m'en reparler mais j'ai gommé tout ça, j'ai arraché la page 2011. Cela fait partie de ma carrière. Chaque sportif connaît des moments difficiles, il faut s'en servir pour affronter les épreuves. Quand je m'entraîne à présent et que ça fait mal aux jambes, ça me fait plaisir parce que je sais pourquoi. à 33 ans, j'ai encore de belles choses à faire. On l'a vu avec Vinokourov (38 ans). Je ne dis pas gagner toutes les courses, mais la motivation et l'envie de bien faire sont là, et l'expérience peut me permettre de faire la différence.