Publié le 14/01/2013 à 06h00 | Mise à jour : 14/01/2013 à 15h39
Par Frédéric Cormary
Cyclisme : Le rêve en jaune de Fédrigo
En stage en Corse jusqu'à jeudi, le Marmandais y
prépare notamment les trois premières étapes du prochain Tour de
France avec le secret espoir d'enfiler le maillot jaune. Instructif.
16
juillet 2012, Pierrick Fedrigo remporte au sprint (devant Christian
Van de Velde (Garmin-Sharp) sa quatrième étape sur le Tour de
France, la seconde à Pau après celle de 2010. (archives David Le
Déodic)
En Corse depuis mardi pour un stage avec son
équipe FDJ- BigMat, Pierrick Fédrigo y repère notamment les trois
premières étapes du Tour de France 2013. Alors qu'il reprend la
compétition à la fin du mois, le Marmandais dévoile ses ambitions
sur un terrain qui lui réussit bien. Le quadruple vainqueur d'étape
sur le Tour rêve à présent de maillot jaune.
« Sud Ouest ». Les vacances sont finies,
comment s'est passée la reprise pour cette nouvelle saison ?
Pierrick Fédrigo. J'ai effectivement repris
l'entraînement depuis fin novembre. Dès le 6 décembre, j'ai participé à
un stage avec l'équipe FDJ-BigMat à Pen Bron, près de La Baule
(Loire-Atlantique). On y a fait quelques kilomètres mais c'était plus
une reprise de contact pour régler les questions administratives et les
licences. J'avais coupé un mois et demi. L'entraînement lors d'une
reprise consiste à accumuler les kilomètres, un peu de route et un peu
de cyclo-cross. J'ai fait aussi un peu de musculation pour entretenir
certaines zones - lombaires, abdos, gainage - et être bien sur le vélo.
L'hiver, on prend un peu de poids. J'avais hâte de retrouver une vie
plus saine. Les conditions météo ne sont pas toujours faciles, mais je
suis habitué : j'attaque ma quatorzième saison. L'hiver passe vite, il
faut se remettre en route.
Vous êtes en stage depuis mardi en Corse. Quel
est le programme de ce second rassemblement ?
L'objectif est surtout de bien préparer les trois
étapes corses du prochain Tour de France (1) et de travailler sur
quelques thématiques comme le sprint et la musculation. On va rester
jusqu'à jeudi sur Porto-Vecchio. ça fait du bien de
retrouver tout le monde. Je m'entraîne seul depuis fin novembre, donc je
n'ai pas forcément beaucoup de repères par rapport aux autres coureurs.
C'est bien en janvier de pouvoir comparer sa condition avec les autres.
Mais je sais que certains ont repris plus tôt et ont fait plus de
cyclo-cross.
Est-ce que ce stage en Corse va vous inspirer
pour les trois premières étapes du Tour de France ?
Je ne sais pas (rires). Les premières étapes sont
toujours très difficiles. Mais c'est vrai que le fait d'être en Corse me
permet de me projeter sur le Tour. Je vais me concentrer sur ces étapes,
il y a peut-être quelque chose à jouer. C'est un terrain que me réussit
bien. J'y ai gagné le Critérium international en 2010 et l'an dernier
j'ai fait 2e du général (victoire dans la 3e étape au Col de l'Ospedale,
mais succès au général de Cadel Evans, NDLR) parce que j'avais "zappé"
le contre-la-montre.
C'est important de pouvoir être en Corse à cette
période de l'année parce qu'on n'est jamais déçu par le temps. Le Tour
de France, c'est encore loin. Je suis quelqu'un qui aime courir au jour
le jour. Je me concentre sur la préparation, je ne veux pas trop me
projeter.
Quels seront donc vos premiers objectifs pour
la saison 2013 ?
Je vais reprendre la compétition le mercredi 30
janvier sur l'étoile de Bessèges. J'enchaînerai ensuite par
le Tour Méditerranéen, le Tour du Haut Var et encore Paris-Nice. Ce
programme doit me permettre de prendre un bon départ et de me mettre en
bonne condition physique, en espérant que la météo sera de la partie. Je
ne me suis pas encore fixé des priorités. Quand je cours, j'essaie à
chaque fois d'être le plus performant possible. Après, gagner la course,
c'est autre chose, il faut avoir une certaine condition physique et un
peu de réussite. L'objectif sur les premières épreuves est de bien
démarrer, d'être à l'avant et de ne pas subir la course.
Avec un peu de recul, quel bilan dressez-vous
de l'année 2012 ?
Il est forcément mieux que l'année 2011 ! (souffrant
de la maladie de Lyme, il n'avait notamment pas participé au Tour de
France, NDLR). J'ai pu me concentrer sur mes objectifs. Le Critérium
international m'a permis de renouer avec la victoire (3e étape au Col de
l'Ospedale, NDLR). ça a été un soulagement et un moment
d'émotion. Et il y a eu cette victoire sur le Tour (la 15e étape Samatan
- Pau, NDLR). Quand on réussit à gagner une étape sur le Tour, on a
réussi sa saison même si on aimerait toujours gagner plus.
Une cinquième victoire d'étape sur le Tour de
France, vous y pensez le matin en vous rasant ?
Forcément ! Il n'y a que deux coureurs français en
activité à quatre victoires d'étape sur le Tour : Thomas Voeckler et
moi. C'est quand même important cette épreuve. Mais sur le Tour de
France, il y a d'autres objectifs que les victoires d'étape, comme
porter le maillot jaune. Aller le chercher sur une étape et le garder
un, deux ou trois jours, c'est quelque chose qui changerait certainement
ma carrière. Il y a aussi le général du maillot à pois, mais il faut
être devant sur la bonne échappée pour passer quatre ou cinq grands cols
en tête. Un maillot, ça change un homme.
à l'heure des vœux, que peut-on
peut vous souhaiter pour 2013 ?
D'abord la santé, c'est le plus important, puis sur le
plan sportif d'être le plus régulier possible et d'avoir toujours envie
de gagner. La vie fera le reste. Mon objectif est de gagner d'autres
courses et de guider certains jeunes en leur faisant profiter de mon
expérience. J'ai toujours eu cet état d'esprit de rouler pour les
autres. Même en 2011, quand j'avais peu de condition, j'ai essayé de me
mettre au service de l'équipe. Je ne pense pas encore à la retraite.
J'ai toujours pris le plus de plaisir quand je me suis surpris moi-même.
En 2013, j'espère être là quand il faudra.
(1) Porto-Vecchio - Bastia (212 km, samedi 29
juin), Bastia - Ajaccio (154 km, 30 juin), Ajaccio-Calvi (145 km, 1er
juillet).
|